Pas mal de « survivalistes » ont, à mon avis, une approche très incohérente et irréaliste du « Bug Out Bag ».
Et plouf. Encore un pavé dans la mare ;)
Si on reprend l’étymologie du mot, « bug out », en argot US, ça veut dire « décamper », « se casser », « s’arracher de là » parce que ça pue. Typiquement, c’est une tactique de repli.
Parlons concrètement. Les rares fois dans ma vie où ça a été assez la merde pour que je décide de me replier et d’aller voir plus loin, c’était chaud. Ca demandait de partir MAINTENANT et de BOUGER VITE. Et mes préoccupations étaient loin de la gestion des vitamines dans mon corps, ou de quoi que ce soit à long terme. J’étais dans l’urgence. Sinon, je serais resté là où j’étais…
Or, pour moi, « urgence » et « bouger vite » c’est pas du tout synonyme avec un sac lourd sur le dos. Quand je vais faire un footing en montagne, je ne prends pas 12kg de matos. Et encore moins 25kg. Je prends le strict nécessaire parce que je veux mettre l’emphase sur ma MOBILITE.
Or, dans le scénario traditionnel des survivalistes américains, le « bug out bag » est quasiment une seconde maison qu’on aura sur son dos. Il doit permettre de vivre dans des conditions dégradées pendant longtemps on ne sait pas où.
Vous voulez mon opinion ? C’est irréaliste.
Ceux qui s’imaginent pouvoir tenir une longue période (plusieurs semaines) dehors avec juste leur sac à dos et leur flingue se foutent le doigt dans l’oeil jusqu’au coude. On peut trouver un peu à manger sur le terrain pour étirer ses réserves, bien sûr. Mais bouger et manger sont deux choses difficilement compatibles.
Le Bug Out Bag de pas mal de gens, c’est la recherche du beurre, de l’argent du beurre et du cul de la crémière tout à la fois.
Soit on « bug out », autrement dit soit on bouge, soit on a le temps et on reste là. Plus on doit bouger, plus on met l’emphase sur la mobilité, et plus le sac doit s’alléger. Ce qui veut dire qu’on doit avoir un point de destination, un point de chute. Un endroit où aller. Cet endroit, si on regarde objectivement, est une zone sûre. Et cette zône sûre, elle ne peut exister qu’au sein d’un groupe sûr.
Les pilotes alliés, pendant la seconde guerre mondiale, qui étaient pris en charge par des réseaux de résistants et qui rejoignaient l’Angleterre (ou, plus tôt, la zone libre) faisaient cela, très exactement. Ils jouaient sur la mobilité pour arriver dans le camp ami. Ce qui suppose l’existence d’un camp ami.
Or, pas mal de survivalistes s’imaginent pouvoir survivre seuls, sans ce « camp ami ». En très petit comité, entre gens de confiance un peu consanguins qui vont tous voir les choses de la même manière. En dehors de la société et de tout compromis, quoi.
Ca ne marchera jamais.
Pire ! C’est un modèle qui, s’il devient répandu, va pousser les gens à se méfier les uns des autres et à tirer sur tout ce qui s’approchera d’eux et à poser des questions après, par peur, par haine, par esprit paranoïaque. C’est l’individualisme poussé à l’extrême. Le pire modèle du monde, appliqué à un contexte dégradé.
Les gens ne deviennent pas tous des bêtes du jour au lendemain… sauf s’ils n’ont plus d’autre alternative. Or, cette alternative existe… ça s’appelle la coopération, la solidarité en temps de crise. Et oui, ça existe. Et oui, ça existe aussi lorsqu’il s’agit de se défendre en groupe contre une bande plus ou moins organisée. Et oui, c’est aussi possible ici. Chez vous. Chez moi. Suffit de le mettre en place avant que ça ne parte en sucette.
A la Nouvelle Orléans, pendant les inondations, des quartiers (typiquement des quartiers où les gens avaient l’habitude de faire des choses collectivement) se sont regroupés, ont soigné leurs blessés, distribué la bouffe, et mis sur pied une petite force de défense locale qui a permis de tenir les pillards et les violeurs de gamines à distance le temps que le service public ne reprenne les rennes. Des entreprises ont fait de même, dans certains immeubles, organisant le vie et la survie des familles de salariés sur quelques étages, avec une gestion des denrées, des déchets, de l’eau, de la sécurité, etc.
Bref… un Bug out Bag, ça doit servir à rejoindre une zone sûre. Et ce genre de zone sûre, elle s’organise longtemps à l’avance, et en GROUPE large, ouvert, et structuré.
Bon… vous voulez savoir ce qu’il y a dans mon BOB à moi alors ? C’est simple : que des trucs qui vont me permettre de conserver ma mobilité pour rejoindre le camp ami, même en temps de crise. Le tout ne pèse presque rien. Je pense « jogging », pas « maison sur mon dos ».
Ceux qui s’imaginent pouvoir survivre seuls ou en petits comités vont débarrasser le bassin génétique humain de leur défectueux très très vite ;)
Oui mais, me direz vous… comment faire confiance à tous ces moutons bêlants ?
Heheh… ça sera l’objet d’une série d’autres articles, justement ;)
Ciao ;)
David