Le jour où j’ai appris la liberté

Liberté
Liberté

En papotant sur facebook avec quelqu’un qui passe sa vie à avoir l’impression de subir, je me suis rappelé du jour où j’ai compris que j’étais libre, et que ça ne changerait juste jamais.

J’étais gamin.  Un jour, un de mes cousins, plus vieux, plus grand, plus lourd de bien 20kg, plus méchant et plus tordu que moi a décidé que je devais aller lui ramasser sa casquette qui était partie avec un coup de vent.  J’ai dit non.  Il m’a menacé.  Je me rappelle, j’avais vraiment peur de lui.  Je savais qu’il pouvait me défoncer sans problème.  Il l’avait même déjà fait.  Mais j’ai dit non.  Et du coup il m’a cogné.  Un magistral coup de poing dans le plexus.  J’avais le souffle coupé, j’étais plié en deux.  Horrible.  Et il a attendu que je bouge.  Et j’ai pas bougé.  Et là il m’a frappé encore, puis jeté contre le mur, et il m’a encore battu… il m’a pété le nez et battu à coups de pieds pendant un temps qui m’a paru interminable.  Puis il s’est arrêté et il m’a dit « maintenant tu vas te lever et aller chercher ma casquette ».  Je me suis levé, je lui ai craché à la gueule.  Je me rappelle bien de ce moment parce que j’ai été super surpris de voir qu’en fait c’est plein de mon sang que je lui ai craché dessus.  C’est là que j’ai réalisé que je saignais sans doute dans la bouche aussi…  Et vu son air à la fois étonné et dégoûté, je me suis mis à rire nerveusement.  Et il a continué à me taper encore.  Je me suis mis en boule et j’ai attendu que ça s’arrête.  Je ne sentais plus rien.  Et je souriais.

Véridique, je souriais.

Un moment donné il a été fatigué, et il est allé lui-même chercher sa putain de casquette.  Pendant une semaine j’ai eu mal partout.  Je marchais tout de travers et j’avais un oeil fermé.  Je ressemblais à un raton laveur avec mes yeux au beurre noir et tout.  Et je souriais tout le temps.  Je marchais la tête haute.

Ce jour là, et plus globalement cette semaine là, j’ai compris que personne, jamais, ne pouvait m’obliger à faire quoi que ce soit.  Que si je le faisais, c’est que je CHOISISSAIS.  Et que même si parfois la tentation est énorme de choisir un truc qu’on ne souhaite pas vraiment parce que ça coûterait moins cher, ça reste un choix.  Toujours.

C’est à la fois horrible, et particulièrement réjouissant de savoir ça.  Horrible parce qu’on est responsable de tous nos choix.  Réjouissant parce qu’on est libre.  Et qu’en fait l’un ne va pas sans l’autre… ;)