Notre vie n’est pas assez dure pour nous.

On s’adapte moins difficilement, en tant qu’homo sapiens, à une vie carrément dure matériellement, mais où on a la possibilité de s’exprimer, d’exister dans l’action, qu’à ces vies où tout un système compliqué nous fait vivre une violence peut être moins physique et moins directe (et carrément moins intense), mais permanente, omniprésente, et surtout contre laquelle on ne peut rien…  on subit une violence diluée et devenue banale dans le quotidien, mais on n’a pas d’ennemi sur qui focaliser notre action de défense.  Donc on monte en pression.

Certains dépriment, certains se suicident, certains deviennent cons et agressifs, certains vont voir physiquement un agent de la sécu pour avoir en face un « responsable » et pouvoir diriger la pression contre lui ou elle…  d’autres ont le corps qui parle…

Moi dans la folie de la ville avec un rythme à la con et un boulot que je détestais j’ai pris 25kg, j’ai fumé jusqu’à 2 paquets de clopes par jour, je me suis battu plusieurs fois dans la rue et, avec le recul, je suis persuadé que j’aurais pu éviter quelques-unes de ces bastons…  J’ai jamais craqué hein.  Mais j’aurais peut-être dû.

Subir avec panache, avec des couilles en béton et en ne pliant pas la nuque, c’est subir quand-même.  Et on subit toujours librement.