Les carnivores

J’aime diviser le monde un peu en catégories simplistes…  C’est pas très sympa mais je me rends compte que bien souvent ces trucs simplistes ne sont pas entièrement faux, et souvent fort utiles pour se faire une idée sommaire des gens qui nous entourent.  Dans ce sens, j’établis une typologie claire entre 4 types de personnes : les parasites, les herbivores, les carnivores, et les prédateurs sadiques. 

Pourquoi catégoriser les gens aussi simplement ?  Le but n’est pas de juger les gens ou de baser ses relations interpersonnelles uniquement là-dessus, mais bien de pouvoir repérer rapidement les sources d’emmerdes potentielles dans la vie de tous les jours, dans une optique de protection personnelle, et de conscience de son environnement.  Quand on se pointe dans un lieu public, par exemple, il peut être bon de savoir repérer rapidement les herbivores, les carnivores, et les prédateurs potentiels…  et ainsi d’adapter son niveau de vigilance en fonction de la situation.

Les herbivores représentent l’immense majorité de la population.  Ce sont les gens qui ne prennent pas d’initiatives, qui suivent le troupeau docilement, qui n’ont que peu ou pas de moyens de se défendre, à part leur appartenance au groupe.  Les herbivores sont les gens « ordinaires »…  Les parasites, de leur côté, sont des profiteurs qui se fixent sur d’autres organismes et vivent à leur dépens.  Ils peuvent très bien s’installer sur le dos d’un herbivore ou d’un carnivore…  nous connaissons tous des gens de ce type, qui sont toujours en train de prendre, et qui nous pompent l’azote.  Inutile d’épiloguer…  les prédateurs sadiques, de leur côté, sont les vrais méchants, les gens qui posent sans problème des actes violents pour obtenir ce qu’ils veulent.  Qu’ils utilisent la force ou la ruse, ils sont dans la manipulation pure, et prennent (comme les parasites) sans donner quoi que ce soit en échange.  Les carnivores, de leur côté, sont un modèle intéressant : dotés des mêmes capacités de force et de ruse que les prédateurs, ils ont en plus un sens éthique ou moral qui leur permet de fonctionner en société, d’être utiles aux herbivores voire aux parasites, tout en ayant la capacité réelle de se faire un prédateur sadique quand c’est nécessaire pour se défendre.  Comme le chien de troupeau, par exemple…  qui a les mêmes canines que le loup, mais qui ne mange pas de mouton.

L’idée, ici, est de dépeindre un peu plus précisément les caractéristiques des carnivores, pour qu’on comprenne bien de quoi il retourne…

Les carnivores pensent par eux-mêmes : suffisamment libres pour avoir des idées à eux, ils n’ont pas besoin de la reconnaissance du groupe pour penser et agir.  Et ils savent prendre des décisions et poser des actes qui leurs semblent justes sans que ça ne soit reconnu par le groupe.  Ils prennent les infos à la source, se font une opinion à eux, confrontent les points de vue, font leurs propres expériences, et ont un sens critique suffisamment affûté pour ne pas gober bêtement et docilement une idée parce qu’elle est dominante ou imposée.  S’ils doivent poser des actes extrêmes, ils sont en mesure de s’appuyer sur un cadre moral ou éthique qui leur est propre, et en assumer les conséquences.  Les carnivores savent marcher seuls, et de ce fait ils sont libres.

Les carnivores ne laissent pas la peur guider leur vie : non pas qu’ils ne ressentent pas de peur, mais bien qu’ils savent la mettre de côté, et ne pas la laisser prendre une place trop importante dans leurs décisions, ou dans leurs opinions.  Contrairement aux herbivores qui fuient en groupe sans réfléchir, les carnivores analysent, et agissent en fonction de ce qu’ils croient juste…  et ils sont prêts à en payer le prix.

Les carnivores sont rustiques : ils sont généralement plutôt en bonne condition physique, ils ne craignent pas l’inconfort, ils connaissent la douleur, et ont aussi les moyens de la provoquer chez autrui. Ils sont généralement capables de prendre des risques si c’est nécessaire, et ont le plus souvent une attirance réelle pour les sports ou les activités de haute intensité, les sports de combat ou de contact, les sports extrêmes, ou plus simplement pour une vie où ils ne s’ennuieront pas. 

Les carnivores anticipent : au lieu de subir bêtement les évènements et de réagir, ils anticipent et agissent.  Ils sont pro-actifs, prévoyants, intelligents et adaptables.  Ils savent gérer l’imprévu parce qu’il est souvent prévu.  Ils savent planifier et prévoir.  Ils pensent avant d’agir.

Les carnivores sont souvent dominants : ce sont des personnes à caractère fort, qui ne se laissent pas écraser, et qui n’ont pas peur de prendre la place qui leur revient, voire celle des autres s’ils ne l’utilisent pas correctement.  Ils sont souvent dans des positions de leader.  Dans un groupe, spontanément on se tourne vers eux pour savoir où on va manger, ou pour organiser quelque chose, ou pour trancher en cas de désaccord.  Les groupes, sans s’en rendre compte, les consultent et les respectent…  et les critiquent aussi, bien entendu.  Leur capacité à porter des responsabilités et à prendre des initiatives leur donne de fait un statut un peu spécial, qui est parfois lourd à porter, et qui les enferme souvent dans une certaine solitude, qu’ils assument souvent très bien.

Les carnivores ont un cadre moral ou éthique clair et lisible : on sait généralement ce qu’ils pensent, et ils savent clairement ce qu’ils s’autorisent à faire, ce qu’ils attendent d’autrui, et ce qu’ils n’acceptent pas.  Leur vision du bien et du mal est souvent un peu binaire, et leur capacité à trancher les fait parfois passer pour des gens durs, voire injustes aux yeux de ceux qui ont une éthique floue, ou des principes malléables.  Cette caractéristique fait souvent d’eux des gens qui ne laissent pas indifférents, et qui ont de vrais amis, mais aussi de vrais ennemis.  Le fait d’avoir des ennemis leur coûte nécessairement en énergie, mais ils préfèrent la plupart du temps un conflit franc à une diplomatie chiasseuse.  Les carnivores, ainsi, sont souvent les meilleurs des amis, et les pires des ennemis…  autant leur coeur est immense et leur générosité sans bornes pour les gens qu’ils considèrent « bons », autant ils deviennent des crevures innommables dans le combat contre les gens qu’ils considèrent « mauvais ».

Spontanément, en écrivant ces lignes, j’ai une liste de personnes en tête…  je suis sûr que vous aussi… ;)

Le rôle des carnivores, dans la société, est parfaitement clair, mais de nos jours devient de plus en plus critiqué.  Dans une société politiquement correcte où tout le monde devient de plus en plus flou et faux-cul, les carnivores choquent de plus en plus.  Leur violence, même si elle est lisible, éthique et cohérente, fait peur.  Leur liberté de pensée et d’action dérange…  Ce qui est beau, dans cette histoire, c’est que leur nature profonde fait qu’ils sont et seront toujours capables de s’en foutre :)