L’honneur…

Bon ça y est.  Je me prépare mentalement à passer pour un vieux con.  J’assume.

On signe sans arrêt des « je déclare sur l’honneur » et on donne sa parole d’honneur, et on dit qu’on est honorés, ou qu’on a l’honneur de ceci ou cela.  Je me rends compte, pourtant, avec amertume que pour pas mal de gens — et pas seulement des jeunes, loin de là — ça ne veut absolument plus rien dire.  L’honneur, c’est un truc assez abstrait pour pas mal de gens.  Et j’avoue que l’honneur de certains, j’hésiterais longtemps avant de m’en servir pour m’essuyer les pieds, de peur de foutre en l’air mes semelles.

Je vous passe la bravoure, et l’héroïsme, et toutes ces conneries auxquelles je ne crois plus trop depuis longtemps.  Des héros, il y en a plein les cimetières, et on se rend assez vite compte que l’héroïsme est une chose à géométrie très variable, qui croît et décroît en fonction du risque et de l’angle d’ouverture de la gueule.  Par contre le courage, ça oui.  Agir comme on le croit juste même si on a peur.  Ca, ça fait partie de l’honneur…  au même titre que la capacité à dire ce qu’on pense même si ça choque, et à faire ce qu’on dit, même si ça doit nous coûter.

L’honneur, en gros, c’est extrêmement proche de l’éthique respectée.  Une personne d’honneur est une personne qui n’a pas trop fait d’entorses à son éthique personnelle…  et qui, quand elle se rend compte qu’elle en a fait, rectifie le tir honnêtement, et répare si possible. 

L’honneur, c’est aussi savoir prendre des risques, savoir accepter de perdre quelque chose, savoir dire non, savoir dire « je ne sais pas ».  Savoir dire « oui je vais le faire », et s’y tenir…  même si ça demande un réel effort, un réel investissement, des sacrifices petits ou grands.  L’honneur c’est comprendre que tout a un coût, et être prêt à le payer au nom d’une éthique, ou d’un projet, ou de valeurs… 

Je ne prétends pas être un homme d’honneur.  D’ailleurs les gens qui mettent leur honneur en avant et s’en servent pour briller prouvent par là même qu’ils n’en ont aucun.  Par contre, des hommes d’honneur, et des femmes d’honneur, j’en connais quelques uns (déjà au CEETS on en a une belle brochette)…  des gens qui, en général, te serrent la main et peuvent soutenir un regard.  Des gens qui sourient sans avoir le regard qui fuit.  Des gens qui disent ce qu’ils pensent, et font ce qu’ils disent…  tout simplement.  Des gens, aussi, qui peuvent être à la fois le meilleur des amis et le pire des ennemis.  Des humains, quoi.  Entiers, avec leurs couilles (ou ovaires) et leurs griffes, et leur cerveau…  et leur conscience — même tourmentée — pour eux.

Tous ont un point en commun : ils ont appris à marcher seuls.