Se fondre dans la nature, et célébrer la vie…

Bon.  Vous inquiétez pas.  J’ai rien fumé de bizarre ni rien :)

En tant qu’instructeur de survie, je me retrouve toujours, tout le temps, dehors, dans une nature plus ou moins sauvage, mais toujours vivante, et vraie.  Même si j’enseigne aux gens à ne pas crever dans des situations critiques, j’aime aussi prendre le temps d’apprécier pleinement le simple fait d’être en vie…  A quoi bon prolonger des vies si, à la base, on n’aime pas profondément cette vie pour ce qu’elle est ? 

Je dis « célébrer » la vie.  Le terme « célébrer » est lourd.  Et c’est voulu.  Pour un athée convaincu, de dire « célébrer » arrache un peu le clavier.  Pourtant j’assume…  j’assume le côté sacré, limite spirituel de la chose.  Oui, je vois vraiment la vie comme quelque chose de suffisamment précieux et grandiose pour que je la considère comme sacrée.

Concrètement, les conditions nécessaires pour que la vie soit possible sont tellement difficiles à réunir que c’est déjà un exploit qu’elle continue, qu’elle se transmette, qu’elle coule de génération en génération.  Les raisons pour qu’elle s’arrête à n’importe quel moment sont tellement nombreuses que juste ça suffit, en soi, pour se rendre compte de la fragilité et de la préciosité de la chose.  Et le fait de la considérer comme « sacrée » implique, de fait, qu’on ne lui nuise pas.  Qu’on ne fasse jamais en sorte de la fragiliser.

Je crois vraiment que parmi les humains, on trouve deux types de personnes : ceux qui sentent et ressentent la vie qui coule en eux-mêmes, en toute chose, et qui sont conscients de sa valeur… et les autres. 

Et donc, pour moi, le simple fait de baigner dans la nature sauvage est une manière de me reconnecter physiquement à la vie.  Je baigne dedans.  Je m’y fonds, avec délice et avec gratitude.  Au petit matin, en me réveillant au milieux des herbes et des arbustes, dans une forêt, je me sens pleinement appartenir à cette nature.  Je ne fais pas de différence entre la vie qui coule dans un brin d’herbe et la vie qui coule en moi.  Je ne fais pas de différence entre la vie qui coule chez moi au Québec et la vie qui coule ici en France.  Je ne fais pas de différence, même, entre la vie qui coule en moi et celle qui coule dans un animal, ou un végatal.  Ma vie à moi s’exprime de manière plus complexe, certes.  Mais ce qui permet à un brin d’herbe de pousser, de s’adapter à son environnement, de se reproduire est basé sur les mêmes principes fondamentaux que ceux qui me permettent de penser, de chasser ou de faire l’amour à celle que j’aime.

Et donc oui, quand je cueille une plante pour la manger, quand je tue une poule pour en faire mon repas, quand je choisis d’acheter une ampoule basse consommation, ou quand j’explose la pommette d’un mec avec mon coude pour l’empêcher de me suriner, je le fais en accord avec un principe fondamental : celui de prolonger la vie.  Ma vie, et la vie de manière générale…

Les gens s’étonnent souvent de savoir que j’enseigne tout aussi bien des choses sur les plantes médicinales que sur la défense dans la rue.  Souvent on s’étonne de la contradiction que ça implique.  Pourtant la contradiction n’existe que dans l’esprit étroit de ceux qui ne veulent pas accepter la réalité pour ce qu’elle est.  Qui ont peur de la violence, ou qui stigmatisent les écolos, ou qui ne veulent pas devoir prendre en charge leur destinée.  Mais tout ça se fonde sur le même élan, sur le même principe de base : prolonger des vies.  Prolonger la vie de manière générale.

J’aime ça.  Profondément.